Législation de la fin de vie : un débat entre éthique et nécessité législative

Alors que l’Assemblée nationale se prépare à examiner un projet de loi d’envergure sur la fin de vie, des questions cruciales se posent quant à la légitimité et l’impact d’une telle législation sur notre société. Comment allier le respect absolu de la vie humaine avec les besoins impérieux des personnes en fin de vie? Quel rôle pour les professionnels de santé dans ce processus délicat? Et surtout, était-il indispensable de légiférer sur un sujet aussi intime que la mort?

La loi, reflet de la volonté générale ou réponse à une nécessité absolue?

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 insiste sur le fait que « la Loi est l’expression de la volonté générale ». Or, pour qu’une loi soit légitime, elle doit répondre à un besoin général et non à une particularité. Dans le cas du projet sur la fin de vie, on observe une tension entre l’universalité requise par la loi et la singularité des situations individuelles face à la mort.

Des lois déjà en place

Les lois Leonetti (2005) et Claeys-Leonetti (2016) ont déjà posé des jalons quant à l’accompagnement en fin de vie, conférant aux médecins une autonomie décisionnelle. Le Conseil d’État a également précisé ces dispositions via sa jurisprudence reconnue. Est-ce donc nécessaire d’introduire une nouvelle loi?

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Le domaine privé face à l’interventionnisme législatif

La mort est sans doute l’expérience la plus personnelle qui soit. Peut-on vraiment attendre d’une loi qu’elle encadre cet instant ultime sans empiéter sur le domaine privé? Chaque individu possède sa propre conception de ce passage vers l’inconnu. Envisager une approche législative uniforme semble donc réducteur et potentiellement dangereux.

L’efficacité limitée de la Loi face à la condition humaine

Les lois punissent les actes répréhensibles mais ne peuvent ni effacer les souffrances ni ressusciter les morts. L’espoir que porte en elle une loi sur l’aide active à mourir ne peut occulter cette réalité inaliénable : aucune législation ne résoudra jamais pleinement le dilemme humain face à sa propre mortalité.