Saisie-attribution sur compte bancaire : Combien de fois peut-elle être effectuée ?

La saisie-attribution sur compte bancaire est une procédure redoutée par les débiteurs. Mais savez-vous réellement combien de fois elle peut être mise en œuvre ?

Qu’est-ce que la saisie-attribution sur compte bancaire ?

La saisie-attribution sur compte bancaire est une procédure permettant à un créancier de récupérer directement les sommes qui lui sont dues sur le compte bancaire de son débiteur. Cette mesure d’exécution forcée est régie par le Code des procédures civiles d’exécution.

Pour mettre en œuvre une saisie-attribution, le créancier doit être en possession d’un titre exécutoire, comme un jugement ou un acte notarié. L’huissier de justice mandaté par le créancier signifie alors un acte de saisie à la banque du débiteur, qui doit bloquer les fonds correspondant à la créance.

Combien de fois une saisie-attribution peut-elle être effectuée ?

En théorie, il n’existe pas de limite légale au nombre de saisies-attributions pouvant être effectuées sur un même compte bancaire. Un créancier peut donc procéder à autant de saisies-attributions que nécessaire pour recouvrer sa créance.

Toutefois, plusieurs facteurs viennent encadrer cette pratique :

1. Le solde disponible sur le compte : une saisie-attribution ne peut porter que sur les sommes effectivement présentes sur le compte au moment de sa notification à la banque.

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2. Le solde bancaire insaisissable : une partie des fonds présents sur le compte est protégée et ne peut être saisie. Ce montant correspond au Revenu de Solidarité Active (RSA) pour une personne seule.

3. Les délais de grâce accordés par le juge : le débiteur peut demander au juge de l’exécution d’accorder des délais de paiement, ce qui suspend temporairement les mesures d’exécution.

Les limites pratiques à la répétition des saisies-attributions

Bien que théoriquement illimitées, les saisies-attributions répétées se heurtent à plusieurs obstacles pratiques :

1. Les frais de procédure : chaque saisie-attribution engendre des frais pour le créancier (rémunération de l’huissier, frais bancaires). Il n’est donc pas toujours économiquement viable de multiplier les procédures.

2. Le risque de contestation : le débiteur peut contester la saisie-attribution devant le juge de l’exécution. Des saisies répétées pourraient être considérées comme abusives et donner lieu à des dommages et intérêts.

3. La stratégie du débiteur : face à des saisies-attributions répétées, le débiteur pourrait être tenté de vider son compte régulièrement ou de changer d’établissement bancaire, compliquant ainsi la tâche du créancier.

Les alternatives à la saisie-attribution répétée

Plutôt que de multiplier les saisies-attributions, le créancier dispose d’autres options pour recouvrer sa créance :

1. La saisie-attribution à exécution successive : cette procédure permet de saisir non seulement le solde actuel du compte, mais aussi les sommes à venir pendant une durée déterminée.

2. La saisie des rémunérations : si le débiteur est salarié, le créancier peut demander une saisie directe sur son salaire, garantissant un recouvrement régulier.

3. La saisie-vente : le créancier peut faire saisir et vendre les biens mobiliers du débiteur pour se faire payer.

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4. L’hypothèque judiciaire : cette mesure permet au créancier de garantir sa créance sur un bien immobilier du débiteur.

Les recours du débiteur face aux saisies-attributions répétées

Le débiteur n’est pas démuni face à des saisies-attributions répétées. Il dispose de plusieurs moyens de défense :

1. La contestation devant le juge de l’exécution : le débiteur peut contester la validité de la saisie ou demander des délais de paiement.

2. La demande de mainlevée : si la saisie est jugée irrégulière ou abusive, le débiteur peut en demander la mainlevée.

3. Le dépôt d’un dossier de surendettement : cette procédure permet de suspendre les mesures d’exécution et de négocier un plan de remboursement avec l’ensemble des créanciers.

4. La demande de procédure de rétablissement personnel : dans les cas les plus graves, cette procédure peut aboutir à l’effacement total des dettes du débiteur.

Le rôle du juge de l’exécution dans l’encadrement des saisies-attributions

Le juge de l’exécution joue un rôle crucial dans l’encadrement des saisies-attributions répétées. Il est compétent pour :

1. Trancher les contestations relatives à la validité de la saisie-attribution.

2. Accorder des délais de grâce au débiteur, suspendant ainsi les mesures d’exécution.

3. Ordonner la mainlevée d’une saisie-attribution jugée abusive ou irrégulière.

4. Sanctionner les abus de saisie en condamnant le créancier à des dommages et intérêts.

L’impact des saisies-attributions répétées sur la relation bancaire

Les saisies-attributions répétées peuvent avoir des conséquences négatives sur la relation entre le débiteur et sa banque :

1. Frais bancaires : chaque saisie-attribution entraîne des frais pour la banque, qui sont généralement répercutés sur le client.

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2. Dégradation de l’image : un client faisant l’objet de saisies régulières peut être perçu comme un risque par sa banque.

3. Restriction des services : la banque pourrait être amenée à limiter certains services (découvert, crédit) pour un client jugé à risque.

4. Clôture du compte : dans les cas extrêmes, la banque pourrait décider de mettre fin à la relation commerciale avec le client.

La saisie-attribution sur compte bancaire est un outil puissant à la disposition des créanciers. Bien qu’il n’existe pas de limite légale à sa répétition, des contraintes pratiques et juridiques encadrent son usage. Créanciers et débiteurs doivent être conscients des enjeux et des alternatives existantes pour gérer au mieux les situations d’impayés.

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