Chants homophobes dans les stades : un dilemme juridique et éthique persistant

Malgré les directives fermes du ministre des Sports, les enceintes sportives résonnent encore parfois de refrains homophobes. Face à cette problématique tenace, quelles sont les mesures juridiques disponibles et pourquoi semblent-elles inefficaces ? Cet article explore les mécanismes réglementaires et les défis pratiques qui se dressent contre l’éradication de l’homophobie dans le monde du football.

La difficulté d’appliquer la réglementation en vigueur

Le 19 octobre 2024, le stade du Parc des Princes est secoué par des chants homophobes lors d’une rencontre de Ligue 1. Gil Avérous, ministre des Sports, réagit promptement en exhortant à une application rigoureuse du protocole FIFA, prévoyant l’interruption des matchs en cas de manifestations homophobes. Cependant, malgré ces consignes et l’existence d’un arsenal réglementaire adéquat, aucun match n’a été suspendu depuis lors, soulevant la question de l’autorité réelle du ministère sur les instances sportives.

L’arsenal juridique face aux chants homophobes

Pour organiser des compétitions officielles et bénéficier de subventions publiques, la Fédération française de football (FFF) doit obtenir un agrément du ministère des Sports, conditionné par l’adoption d’un règlement disciplinaire conforme à certains engagements républicains. Le contrôle de cette conformité est assuré par le ministre des Sports qui peut user de son influence pour sanctionner indirectement les dérives observées dans les stades.

Pourquoi un règlement existant n’est-il pas appliqué ?

Selon un cadre anonyme de la LFP, mettre systématiquement fin aux matchs en raison de chants homophobes risquerait d’annuler toute rencontre. Cette approche pragmatique met en lumière la complexité d’applications punitives qui pourraient aggraver plutôt qu’améliorer la situation. De plus, interrompre un match pourrait engendrer un risque accru de troubles à l’ordre public.

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Réticences financières et dialogue préféré aux sanctions

L’interruption des matchs n’est pas vue comme une solution par plusieurs acteurs du domaine sportif. Les conséquences financières pour les clubs sont non négligeables : remboursement des billets, perturbation des calendriers sportifs… En réponse à cela, la LFP privilégie le dialogue et la sensibilisation contre les discriminations auprès des supporters et joueurs plutôt que l’imposition coercitive d’arrêts de match.

L’action judiciaire face à l’inaction sportive

Certaines associations LGBT+ jugent cependant ces mesures insuffisantes. Le collectif « Rouge Direct » et l’association Stop Homophobie ont porté plainte contre la LFP et le diffuseur DAZN pour injures et incitation à la haine homophobe, montrant que le terrain judiciaire reste une avenue ouverte lorsque les actions préventives ou réglementaires échouent.

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